Les traînées blanches des avions sont-elles polluantes? Ecologie
De quoi sont faites ces jolies traînées blanches que les avions laissent dans leur sillage? Principalement de cristaux de glace, formés à cause du froid qui règne en haute altitude, par condensation de la vapeur d'eau autour des suies et particules présentes dans les gaz d'échappement des avions. En tant que tels, ces cristaux de glace ne sont pas polluants. Mais on peut dire qu'ils contribuent à accroître l'effet de serre en piégeant les rayons infrarouges émis par la Terre vers le ciel – ce qui a pour conséquence de réchauffer les couches inférieures de l'atmosphère.
Pour mesurer ce phénomène, les scientifiques ont bénéficié, paradoxalement, de l'aide des terroristes d'Al-Qaida! En effet, les attentats du 11 septembre 2001 ont eu pour conséquence la suppression pendant trois jours de tous les vols commerciaux sur le territoire des Etats-Unis d'Amérique. Deux études réalisées pendant cette brève période où le ciel étasunien était exceptionnellement vierge ont alors permis de confirmer l'impact des traînées sur le climat.
Selon le GIEC (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat), la surface couverte par ces traînées équivalait à 0,1% de la surface de la Terre en 1992, et devrait couvrir 0,5% en 2050 en raison de l'augmentation du trafic aérien et d'altitudes de vol de plus en plus élevées. D'après ce scénario, la contribution de l'aviation à l'effet de serre passerait alors de 3,5% à 5%.
De leur côté, des chercheurs de l'Imperial College de Londres ont calculé qu'une baisse de l'altitude de croisière entraînerait une diminution de moitié de la contribution de l'aviation au réchauffement climatique, par la suppression de la majorité des traînées… Et ceci malgré la hausse de 4% des rejets de dioxyde de carbone que provoquerait l'augmentation de la consommation de kérosène, due à l'allongement de la durée des vols et à la plus forte résistance de l'air.
Restent enfin à évaluer les conséquences de l'épuisement programmé du pétrole à bon marché sur le trafic aérien des prochaines décennies. Il n'est pas certain que les prévisions de forte augmentation des vols en haute altitude se vérifient à l'horizon 2050.
_Dr Rezo