Histoire et objectifs
Réseau romand Science et Cité – un nouvel outil de dialogue citoyen sur les sciences et les techniques
Bien plus d'un million de visiteurs par année: c'est le public cumulé des musées scientifiques et des centres de culture scientifique aujourd'hui actifs en Suisse romande. L'éventail est large, des sciences de la nature aux sciences humaines, des structures élémentaires de la matière à l'archéologie, des jardins botaniques à la science-fiction, de l'ethnographie à l'histoire des sciences.
Une offre impressionnante, une richesse stimulante. Pourquoi ne pas la fédérer? Pourquoi ne pas mettre en relation tous ces lieux de savoir et de vie à l'échelle d'une région? L'idée première du Réseau romand Science et Cité a germé, comme beaucoup d'heureux métissages, de la rencontre entre un besoin latent et le déclic d'une occasion soudaine, d'un défi à relever dans une certaine urgence.
Le besoin, ressenti de longue date dans toutes les sociétés industrielles, trouve son origine dans le constat d'une incompréhension grandissante entre scientifiques et citoyens, d'un écart qui tend à se creuser en raison de la rapidité et de la complexité des développements scientifiques et techniques.
Dans une société démocratique, il est impératif de combler cet écart afin que les citoyens - savants et profanes - puissent participer ensemble et en connaissance de cause aux débats et aux prises de décisions sur les enjeux sociaux, politiques, économiques, éthiques et culturels, liés aux applications des nouveaux acquis scientifiques.
Face à cet immense besoin, le déclic, l'occasion à saisir, fut un appel aux projets lancé en 1997 par l'ancienne direction de l'Exposition nationale suisse, à l'époque Expo.01: « Suisses, soyez créatifs! Etonnez-nous, étonnez-vous! »
Le défi est relevé par une équipe de l'Université de Lausanne, celle de l'Interface Sciences-Société (anciennement IMedia), qui dépose en octobre 1997 un ambitieux projet, intitulé Des savoirs et des hommes.
Comprenant une Boutique des Sciences, un Forum permanent et une exposition évolutive, le projet, peaufiné en mars 1998 à la demande de la direction de l'Expo, est novateur et généreux. Il sera pourtant écarté, en dernière instance, comme beaucoup d'autres belles idées.
Mais le besoin demeure et l'idée finit par se frayer un autre chemin, grâce notamment à la création de la Fondation Science et Cité, dont la vocation est précisément d'instaurer un dialogue critique entre scientifiques et citoyens.
En mai 2001, le premier Festival Science et Cité, organisé simultanément dans dix villes universitaires suisses, rassemble un large public.
Même engouement populaire à Genève, à l'occasion des Nuits de la Science organisées dès l'été 2000 par le Musée d'histoire des sciences. A ces événements ponctuels, cristallisations dans le temps, répond une volonté de cristallisation dans l'espace, avec des projets de Centres régionaux Science et Cité.
Dans ce contexte très stimulant, l'idée de créer un Réseau romand est présentée en mars 2000 à la Fondation Science et Cité par l'Interface Sciences-Société de l'UNIL. En complément aux projets « pointus » évoqués ci-dessus, la mise en réseau d'institutions déjà existantes permet un travail sur le « diffus »: au quotidien, à long terme, et à l'échelle de toute une région.
Alors que de nombreux musées romands consacrés aux sciences, naguère principalement orientés vers la conservation et la présentation du patrimoine, manifestent le souci de répondre aux besoins de la société en contribuant aux débats sur les choix scientifiques et techniques, l'initiative est favorablement accueillie par la plupart des partenaires potentiels.
Suite à l'assemblée de création du Réseau organisée au Musée national suisse, à Prangins, le 21 novembre 2000, en collaboration avec la Fondation Science et Cité, 22 musées ou centres de culture scientifique romands se déclarent d'accord de participer à l'entreprise. D'autres les rejoindront progressivement.
En attendant la création d'un éventuel Centre régional Science et Cité en Suisse romande, le Réseau est un dispositif qui présente plusieurs avantages:
Il se base sur l'utilisation des sites, infrastructures et compétences existants.
La liste des partenaires actuels témoigne de la richesse de l'offre muséologique régionale dans les domaines scientifiques, et les statistiques de fréquentation (plus d'un million de visiteurs annuels) montrent que la culture scientifique répond à un réel besoin social. Le Réseau entend mieux valoriser ces ressources en ouvrant de nouvelles perspectives conceptuelles, en particulier en ce qui concerne le dialogue avec la Cité.
Il permet des réalisations rapides impliquant des investissements modérés.
Utilisant des espaces existants, il n'implique pas de gros investissement de démarrage. Les moyens actuels des membres du Réseau et les ressources et compétences complémentaires provenant, notamment, des Hautes Ecoles, peuvent être facilement mobilisés et optimisés pour des réalisations qui profiteront à toute la région (expositions itinérantes, colloques, forums, ateliers spécialisés, etc.). L'évolution des institutions existantes vers le concept d'interface sciences - société peut se faire de manière progressive et personnalisée, le concept lui-même étant amené à évoluer au fur et à mesure de l'expérience acquise par les uns et les autres.
Il jouit de la proximité des publics par la mise en réseau de sites répartis.
Par le biais d'une structure réticulaire s'insérant dans les réalités locales, il améliore l'ancrage de la culture scientifique et technique auprès des différents publics.
Premières réalisations
Depuis l'assemblée constitutive de novembre 2000, le Réseau romand Science et Cité s'est manifesté à différentes occasions:
Mai 2001: lors du Festival Science et Cité, une petite Boutique de Sciences est installée sous une arcade de la Place de la Palud, en plein centre de Lausanne, avec des consultations scientifiques sur différents thèmes.
Janvier 2002: un prototype de site Web est créé par le CenTEF (Centre des Technologies pour l'Enseignement et la Formation de l'UNIL) à l'adresse www.multimusee.ch (ajourd'hui déplacé vers Unimedia).
Mars 2002: la Fondation Verdan à Lausanne réalise l'exposition « X, Regards vers l'intérieur », fruit d'une collaboration avec le Musée d'histoire naturelle de La Chaux-de-Fonds, le Musée d'histoire naturelle de Bâle, le Musée cantonal vaudois de zoologie et l'interface Sciences-Société de l'UNIL. Cette exposition, présentée du 7 mars au 20 mai, sera accompagnée de deux cafés scientifiques et d'ateliers pour enfants. Elle peut être considérée comme une esquisse du type d'expositions temporaires itinérantes que le Réseau aimerait susciter en faisant converger les compétences et ressources des musées partenaires et celles des Hautes Ecoles – le but n'étant pas seulement de cerner un contenu scientifique, mais également de mettre en évidence les composantes sociales, culturelles, éthiques et historiques du thème abordé.
Mai 2002: engagement par l'interface Sciences-Société d'un coordinateur du Réseau. La Fondation Science et Cité reçoit de la Confédération le mandat d'organiser à l'échelle nationale un débat public sur les cellules souches, ceci à l'occasion de la mise en consultation de la « loi fédérale relative à la recherche sur les embryons surnuméraires et les cellules souches embryonnaires ». Les membres du Réseau sont invités à s'associer à l'organisation et à la promotion de ces débats.
Juin 2002: lors de leur assemblée générale, le 27 juin à Lausanne, les membres du Réseau décident de se constituer formellement en association.
Eté-automne 2002: des Espaces citoyens sont créés dans 14 musées partenaires. Ces espaces comprennent principalement une borne informatique pour la consultation d'un CD-Rom sur les cellules souches, édité par la Fondation Science et Cité. Ils pourront par la suite donner accès au nouveau site web du Réseau
Dans la même période, de nombreux débats et cafés scientifiques sur les cellules souches sont organisés à Genève, Lausanne, Fribourg, Sion, La Chaux-de-Fonds et Delémont.
Perspectives d'avenir
A plus long terme, le développement du Réseau devrait favoriser la réalisation en commun, puis la mise en circulation, d'expositions temporaires sur des thèmes transdisciplinaires proposés par les musées partenaires, voire d'expositions « magazine », en prise sur l'actualité et les préoccupations du public. La création d'un espace de formation continue et de réflexion, ouvert au personnel des musées mais aussi aux journalistes scientifiques, aux chercheurs et aux enseignants, devrait permettre d'intensifier les échanges entre les partenaires ainsi que de nouveaux développements.
Enfin, la création de Boutiques des sciences dans leur forme optimale, telle qu'on peut l'observer aux Pays-Bas ou au Danemark, impliquera la création de postes de médiateurs scientifiques et une forte insertion dans les Hautes Ecoles. Inversant le sens traditionnel de la communication scientifique, le principe d'une Boutique des sciences est de partir des questions et des besoins du public (particuliers, associations diverses) pour susciter et orienter des recherches. C'est un nouvel outil de dialogue qui nous paraît essentiel à la nécessaire redéfinition des rapports entre science et société.
11 novembre 2002